Presse

A propos de la lecture publique de Tu n’as rien vu à Fukushima de Daniel de Roulet.

  • Interview par Aurélie Steunou-Guégan sur le site agoravox.fr

Loïc Risser, comédien diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT). Après avoir joué dans plusieurs spectacles avec différentes compagnies entre 2008 et 2011, il prend part depuis 2011 à plusieurs travaux de recherches au sein de la Cie Ultima Chamada et de la Cie Un Excursus, en proposant une lecture publique (produite par Un Excursus) du livre de Daniel de Roulet Tu n’as rien vu à Fukushima.

Aurélie Steunou-Guégan (ASG) : Comment avez-vous connu la Cie Un Excursus ?

Loïc Risser (LR) : J’ai rencontré Barbara Bouley-Franchitti, directrice et metteur en scène d’Un Excursus, lors d’un hommage rendu, sur son initiative, à Madeleine Marion, après sa disparition en 2010, au Conservatoire de Paris. Barbara m’a proposé de participer à la création d’un spectacle qui aurait pour objet le travail du comédien, avec pour point central la pédagogie de Madeleine Marion et d’Antoine Vitez. Par la suite, la compagnie a souhaité produire ma lecture publique du texte de Daniel de Roulet, ce que j’ai accepté avec grand plaisir.

ASG : D’où vient votre désir de proposer des lectures publiques ?

LR : Tout d’abord, de mon goût prononcé pour la littérature, la lecture, les livres et les librairies. Ensuite, parce que j’adore cette forme qui se distingue du jeu au plateau. Il s’agit pour moi moins d’incarner que de transmettre un texte. Enfin, c’est pour moi un espace de liberté, de réflexions et de recherches, puisque j’initie moi-même ces lectures, guidé par mes propres questionnements.

ASG : Pourquoi avez-vous choisi Tu n’as rien vu de Fukushima (Daniel de Roulet) en particulier ?

LR : Il y avait longtemps que je voulais travailler sur la question du nucléaire. J’ai grandi près de la plus vieille centrale du parc français, Fessenheim, en Alsace. Début 2010, j’ai lu un roman remarquable, La Centrale d’Elisabeth Filhol et j’ai eu envie d’en lire des extraits en public. Le projet en est resté au stade de l’envie et des idées jusqu’en mars 2011 lorsqu’a eu lieu la catastrophe de Fukushima. J’ai alors décidé qu’il n’était plus question de remettre ce travail à plus tard, et j’ai commencé à m’y atteler plus en détail. Je suis tombé par hasard dans une librairie sur le texte de Daniel de Roulet. Je l’ai lu, et j’ai eu l’immédiate conviction que c’était ce très beau texte qu’il fallait choisir. Et plus je le lis, plus j’en découvre l’extraordinaire justesse.

ASG : Comment s’est déroulée la première rencontre avec l’auteur, Daniel de Roulet ?

LR : Très bien. La première avait justement lieu en Alsace et Daniel de Roulet a bien voulu répondre à ma proposition de venir débattre avec le public après la lecture. J’appréhendais beaucoup le fait de lire le texte devant son auteur… Je crois qu’en tant que comédien, on est toujours impressionné de rencontrer les auteurs… Mais ça s’est très bien passé et nous avons renouvelé l’expérience.

ASG : Quelle a été la lecture la plus marquante pour vous en 2011 ? Pourquoi ?

LR : Celle-ci, justement, parce que c’était une première, parce que Daniel était là, parce que la lecture a eu lieu dans la ville (Guebwiller) où j’ai grandi, où le public est particulièrement réceptif à cette problématique, ce que j’ai pu ressentir durant la lecture… Le souvenir de la catastrophe est encore très proche, d’ailleurs ce n’est pas un souvenir, c’est quelque chose qui existe encore, qui arrive, là, sous nos yeux. C’était une soirée très émouvante.

ASG : Quelles sont vos prochaines dates ?

LR : Je vais le 17 mars à Cherbourg (le Cotentin est la région la plus nucléarisée au monde) sur une proposition d’Europe Ecologie – Les Verts. Puis deux dates à Paris, l’une le 24 mars à la Bibliothèque Flandres, dans le XIXème, l’autre, dont le jour exact reste à définir, à l’usine de Pantin (siège du Front de Gauche). J’espère lire ce texte de nombreuses fois encore au cours de l’année. Il reste malheureusement d’actualité, d’autant plus que le débat sur le nucléaire civil français semble s’inscrire au cœur de la campagne présidentielle.

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  • Article paru dans le quotidien régional L’Alsace du 25 octobre 2011:

QUESTIONS A… LOIC RISSER, COMEDIEN SOLIDAIRE AVEC LE JAPON

Comédien originaire d’Orschwihr, Loïc Risser reviendra à Guebwiller, le vendredi 28 octobre, pour une lecture à la médiathèque dans le cadre de l’action de solidarité en faveur des rescapés du tsunami intitulée «Splendeurs et misères du Japon».

Loïc Risser, vous avez participé au festival off d’Avignon avec un spectacle sur la Résistance et vous travaillez actuellement sur une pièce de théâtre ayant pour thème la crise financière. Pourquoi avoir choisi de présenter une lecture vendredi à la médiathèque de Guebwiller ?

J’aime beaucoup ce genre. C’est ma troisième lecture publique. J’étais déjà venu à Guebwiller en janvier 2010 pour lire un texte sur Ellis Island, sur l’émigration. Contrairement à une pièce de théâtre, où ça passe par des décors, des costumes, des lumières, ici, ce qui est en jeu, c’est le rapport direct avec le public. Cela implique un travail sur la voix et le regard.

Vous avez choisi de lire « Tu n’as rien vu à Fukushima », de Daniel de Roulet. De quoi est-il question ?

L’auteur a une amie qui habite à Tokyo et, n’ayant pas de nouvelles d’elle, il lui adresse une lettre. Il y retrace son parcours dans l’industrie nucléaire. Lui qui, dans sa jeunesse, avait participé aux manifestations antinucléaires, considère son parcours comme un échec puisque, partout, des centrales nucléaires ont été construites. Puis le texte dérive sur ses réflexions, il évoque son rapport à l’écriture, au nucléaire et au Japon. En tant qu’interprète, je ne suis pas là pour soulever des polémiques, je ne suis pas un spécialiste des questions nucléaires. Mon souhait, c’est de nous amener, le public et moi, à nous poser des questions, à engager une réflexion ensemble entre humains et citoyens. Sur mon invitation, et grâce au soutien de la médiathèque, l’auteur du livre sera présent et participera au débat qui suivra la lecture.

Avez-vous un lien particulier avec le Japon ?

Je ne suis jamais allé au Japon et la culture de ce pays ne m’est pas familière. En fait, même si cette soirée s’inscrit dans une action de solidarité en faveur du Japon, le thème est plus général : les vents nucléaires n’ont pas de frontières, contrairement à ce qu’on nous a fait croire à un moment donné. Ce qui m’intéresse, c’est la solidarité entre êtres humains.

Propos recueillis par Anne-Marie Tillé.

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A propos de la lecture publique d’Ellis Island de Georges Perec.

  • Article d’Elise Guilloteau paru dans le quotidien régional L’Alsace du 27 janvier 2010

UNE VOIX D’ICI POUR PARLER D’ERRANCE ET D’EXIL

Parallèlement à l’exposition de photos que Katia Funfschilling consacre à New York, la médiathèque de Guebwiller accueille Loïc Risser, un comédien qui proposera la lecture d’« Ellis Island » de Georges Perec. Rendez-vous jeudi soir.

Un enfant du pays et un texte sur l’errance et l’exil. Voilà comment on pourrait résumer la lecture prévue jeudi soir, à la médiathèque de Guebwiller : Loïc Risser, comédien originaire d’Orschwihr, va mettre sa voix au service du texte Ellis Island, de Georges Perec.

Ellis Island, c’est l’île des larmes, celle où sont arrivés de nombreux migrants à l’issue d’un voyage sans retour. Le lieu, relativement peu connu en France, compte dans la mémoire collective des Américains. Ellis Island, qui se trouve à proximité de la statue de la Liberté, a également intéressé l’écrivain Georges Perec et le réalisateur Robert Bober, qui y ont tourné un film entre 1978 et 1980, Récits d’Ellis Island : histoires d’errance et d’espoir, à l’époque où les bâtiments tombaient en ruine.

Une œuvre puissante

Georges Perec signe le texte et assure la voix off de toute la première partie de ce film. Ce texte, dans toute sa simplicité, est aujourd’hui publié sous le titre d’ Ellis Island. Il sera lu dans son intégralité par Loïc Risser demain soir.

Ce dernier est un jeune comédien de 27 ans qui, après des études de lettres, a choisi de devenir acteur. Il a été formé à l’ENSATT, l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, à Lyon. Adolescent, il avait déjà foulé les planches, en particulier celles du théâtre municipal de Guebwiller, avec la compagnie amateur « Le petit théâtre », dirigée par Stéphanie Bruzzese. Il avait joué Antigone d’Anouilh, et La Femme Fantasque de Goldoni. Mais c’est presque de l’histoire ancienne à l’heure où il se prépare à endosser à la fin du printemps un des rôles de Lorenzaccio de Musset, au Théâtre des Célestins à Lyon.

Avant de remonter sur scène, il a voulu endosser le rôle de lecteur. « Le texte de Perec m’a attiré d’emblée par sa sobriété, son humilité, son esthétique, sa puissance. Il y est question d’errance et d’exil ; de gens qui partent, qui abandonnent tout», assure le comédien. « Je pense que ce texte est intéressant à faire entendre aujourd’hui » , poursuit-il. Néanmoins, nul militantisme dans sa démarche : « Ce sont des questions fondamentales et universelles. »

Un passeur

Ce travail l’intéresse aussi en tant qu’acteur : « Je suis très attaché au texte et au livre. Ensuite, dans la lecture publique, surtout celle de ce texte, le comédien se retrouve dans la nécessité de s’effacer derrière le texte », explique-t-il. « Là, il ne sera pas question d’incarnation ; je vais essayer de me faire passeur. » Une démarche qui colle bien à son travail de comédien et aux interrogations qu’il a sur son propre métier.

Cette lecture, la première du genre pour le comédien, sera précédée d’une introduction assurée par Marie-Jeanne Zenetti. Doctorante en Lettres Modernes à l’Université Paris VIII-Saint-Denis, la jeune femme présentera le lieu, l’œuvre et son aventure éditoriale singulière et les auteurs. Elle proposera également une courte analyse. « En travaillant ensemble, nous espérons pouvoir donner à entendre deux discours complémentaires sur une même œuvre», précise Loïc Risser.

Comédien